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KELEIER IRVILHAG

KELEIER IRVILHAG

Informations municipales de la commune d'Irvillac 29460


A Irvillac, pendant la Grande Guerre..

Publié par IRVILLAC sur 11 Novembre 2011, 10:00am

Catégories : #PATRIMOINE

La guerre de septembre 1914 à novembre 1918

 

     Entre les premières batailles dans les Ardennes belges et l’armistice du 11 novembre 1918, les Finistériens participent à tous les combats.

 

            Principalement concentrés, au début des opérations, dans trois régiments originaires de la région brestoise, les Irvillacois vont être répartis, au fil de la guerre, dans une vingtaine de régiments, ainsi qu’il ressort de l’unité d’appartenance des tués :

- 19ème régiment d’infanterie : 9 tués, dont 4 en 1914 et 5 en 1915.

- 219ème régiment d’infanterie : 7 tués, dont 4 en 1914 et 3 en 1916.

- 2ème régiment d’infanterie coloniale : 7 tués, dont 4 en 1914 et 3 entre 1915 et 1917.

- Les autres soldats appartiennent à des régiments d’infanterie principalement, mais aussi à un régiment de marine, à 6 régiments d’artillerie (5 tués en 1918), à un régiment de zouaves.

 

            Des Irvillacois sont tués dans des batailles dont le nom est resté célèbre :

- La marne : 3 morts en août et septembre 1914.

- Dixmude : 1 mort le 10 novembre 1914.

- Douaumont : 1 mort le 10 juin 1916.

- Fort de vaux : 1 mort le 6 août 1916.

- Salonique (Grèce) : 1 mort le 3 décembre 1916.

- Bois de la grurie (marne) : 2 morts les 3 et 4 novembre 1914 et un autre  le 26 octobre 1915. Surnommé par les soldats « bois de la tuerie », d’incessants combats s’y déroulent de septembre 1914 à la fin 1915.

- Butte de Tahure (marne) : elle est l’objet de plusieurs violentes batailles. 4 Irvillacois y sont tués entre septembre 1915 et mars 1916.

 

            La violence des combats est attestée par des mentions accompagnant, dans quelques cas, l’acte de décès : « vu les circonstances des combats, il ne nous a pas été possible de nous assurer de la réalité du décès »  « disparu lors d’une attaque de nuit »  « tué par une grenade dans les tranchées. »

 

            Deux Irvillacois sont morts en captivité. L’un, blessé et capturé lors des premiers combats, meurt à Erfürt le 4 septembre 1914. l’autre décède le 6 novembre 1918 à Bibergen. Les actes de décès, rédigés en allemand, furent transmis en France pour être retranscrits sur l’état civil. Par ailleurs, quelques soldats gravement blessés dans les combats reviennent à leur domicile pour y mourir.

 

            Si les premiers tués au combat le sont dès le 22 août 1914, c’est à dire trois semaines seulement après leur mobilisation, plusieurs meurent dans les derniers mois de la guerre : Jérôme Morvan  est ainsi tué dans l’Oise le 18 août 1918 « par éclats de bombes d’avions ennemis ». Jean Marie Le Borgne meurt de ses blessures, sur un champ de bataille de Belgique, le 25 octobre 1918.

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II) Les courriers des soldats

 

            Durant la guerre, les soldats et les familles peuvent s’adresser des lettres en franchise postale, mais on ne peut tout dire ; il n’est pas permis de donner des précisions sur les batailles en cours ou sur les pertes. Les bureaux du contrôle postal aux armées veillent, décachètent les enveloppes et noircissent ce qui est illicite dans la correspondance.

Une série de courriers de soldats d’Irvillac avec leur famille a été gracieusement mise à la disposition des auteurs. Plusieurs constats généraux en ressortent :

- Ce sont des messages courts, portés au dos de cartes postales et assez souvent écrits au crayon papier.

- Tous les courriers sont écrits en français[1] et sont bien orthographiés. Rappelons que ces soldats, tous bretonnants, avaient appris le français à l’école et vivaient désormais dans un univers francophone.

- L’essentiel du message consiste à  préciser que l’on est en bonne santé et que l’on aspire à bénéficier d’une permission. Des colis sont réclamés.

- Conformément aux consignes données, peu d’événements concernant la guerre sont rapportés.

Toutefois, une vingtaine de correspondances apportent des éclairages sur le conflit. Nous en citons quelques-unes de manière chronologique.

 

1914

Yves, en caserne à Saint Brieuc, écrit à son grand-père le 13 septembre : « je suis à l’entraînement, j’ai touché un fusil et une baïonnette ». Puis le 21 septembre : « nous avons quitté la caserne pour faire place aux prisonniers allemands ; il en arrive tous les jours. Ce sont des gens à peu près comme nous ; il n’y a que leur regard qui est plus farouche. »

 

1915

La dureté des combats apparaît : « c’est terrible pour l’infanterie… j’ai risqué ma vie plus d’une fois » (14 mars). Pierre écrit le 2 avril à sa chère Marguerite « Me voilà arrivé encore dans les tranchées depuis quelques jours ; les boches ne sont pas trop commodes. Nous voilà au 9ème mois de la guerre et ce n’est pas encore fini, même je ne crois pas que ça finira encore tout de suite ». Le 18 juin, Jean Marie, plus optimiste « pense que la guerre finira bientôt. Vivement afin qu’on retourne encore au pays breton. »

 

1916

C’est l’année de Verdun.

Jean écrit le 31 mars « nous sommes toujours ici sans être plus avancés ; c’est terrible quand on pense quelle vie on a ». on apprend aussi, le 16 novembre : « ça va toujours de pire en pire et on ne parle pas encore de paix. Que c’est bien triste » ; le 1er décembre : « Le calme règne dans le secteur ; il n’en est pas ainsi à quelques kilomètres où une grande bataille est en cours ». Autre observation, le 2 novembre : « les tombes des soldats morts au champ d’honneur sont avec couronnes, fleurs et drapeaux ; mais hélas, cela ne leur rendra pas la vie ».

 

1917

Très peu de courriers apportent des précisions. Yves indique, le 7 mars, qu’il n’est plus « dans la somme, mais encore dans le pays vaseux de la Meuse ».

 

1918

la guerre va se terminer en novembre mais les soldats n’en voient pas la fin. Alain indique, le 28 mars : « nous allons vers une destination inconnue ; il fait un froid de loup ». Henri « retourne au front ; il fait partie d’un bataillon de marche ». Pierre témoigne, le 21 mai, de la dureté des combats : « Nous sommes au repos, nous avons attaqué le 9 et avons eu beaucoup de pertes. C’est pour cela que nous sommes au repos pour nous reformer encore. Hier nous avons eu du renfort ; je pense que nous devons retourner aux tranchées bientôt. » On apprend, le 19 août : « Nous avons fait beaucoup de prisonniers mais les boches en ont fait presque autant. Tant mieux pour eux s’ils sont prisonniers ; comme cela, la guerre est finie pour eux » ; puis le 10 septembre : « nous sommes avec les Américains en Lorraine pour une attaque de grande envergure ».

La guerre reste difficile jusqu’à la fin. Hervé indique, le 2 octobre : « dans les tranchées, on n’a pas grand chose à bouffer et encore toujours froid » ; François écrit le 16 octobre à sa chère cousine : « nous ne sommes malheureusement pas encore à la fin de la guerre. Le boche est encore solide. Mais j’en ai plein le dos de ce métier. »

 

III) Les soldats morts à la guerre

 

            Le monument aux morts situé au nord de l’église comporte les noms de 91 jeunes hommes[2]. Ce nombre représente un habitant sur 24 (2234 habitants en 1911) et, si on considère que les hommes constituent la moitié de la population, un homme sur 12 en englobant les enfants, les hommes d’âge mûr et les personnes âgées : on reste stupéfait devant l’importance de ces pertes que l’on retrouve, dans des proportions semblables, dans les autres communes de Bretagne.

            Sur les 91 tués, 25 demeurent au bourg et 66 dans les villages ; parmi ces derniers, 12 habitent des villages faisant partie, à cette époque, d’Irvillac : Kériguy, Toulbelory, Pouligou, Kerisit, Guerniec, Reun ar Moal, Moulin vert, Vernuec, Menehy[3].

            Tous les morts ne sont pas répertoriés à l’état civil de la commune, faute de transmission des informations. L’état civil d’Irvillac a en effet enregistré, entre 1914 et 1924, les décès de 72 soldats :

 

- 22 en 1914, morts entre le 22 août et le 21 novembre, soit en trois mois.

- 15 en 1915.

- 13 en 1916.

-   7 en 1917.

- 15 en 1918.

 

Chapitre 3 : La vie à Irvillac durant la guerre

 

  Elle est marquée, comme dans les autres communes du Finistère, par l’absence des hommes, partis à la guerre. Les femmes, les adolescents et les personnes âgées prennent alors les travaux en main et tiennent, avec difficulté, les exploitations agricoles durant ces quatre années. Le manque d’hommes est particulièrement aigu pour certaines professions  puisque à deux reprises, en 1915 et en 1917, le conseil municipal[4] donne un avis favorable à un retour des armées pour un soldat territorial, meunier et à un sursis d’incorporation pour un jeune, charron de son métier, « profession  dont la commune était dépourvue. »

 

            les Américains à Irvillac en 1918[5].

Vers la fin de la guerre, quelques américains se présentent au bourg. A cette époque, l’arrivée d’un engin automoteur est quelque chose de nouveau et ces soldats sont vite entourés : ils proposent à des jeunes filles de faire un aller retour, en voiture, du bourg à Pont Mel.

A cette période également, des  troupes américaines traversent la commune en train : les soldats jettent généreusement des bonbons aux enfants qui regardent passer le convoi.

 

            L’armistice.

Le 11 novembre 1918, les cloches de l’église se mettent à sonner, très longuement. Les habitants comprennent que la guerre est finie. Ils se dirigent alors en grand nombre vers le bourg où l’événement est fêté.



[1] Dans une famille de la commune, un soldat écrivait ses cartes, soit en breton, soit en français.

[2] Observons que 4 Irvillacois, présents sur les décès de l’état civil « mort pour la France », ne sont pas portés sur le monument aux morts : Pierre Le Cam, Michel Le Bris, François Merret, Guillaume Nedelec : Ne serait-il pas encore temps d’y graver leurs noms ?

[3] Les noms de plusieurs de ces hommes sont également portés sur le monument aux morts de Daoulas.

[4] Notons, pour la petite histoire, que le conseil municipal décide, le 27 septembre 1914, d’allouer une aide pour fournir de la laine aux femmes acceptant de faire des chaussettes et des tricots pour les soldats aux armées.

[5] Entre mai et octobre 1918, près de 800 000 américains débarquent à Brest. Ils sont basés au camp de Pontanezen avant de partir vers le front.

extrait de " Irvillac, une Histoire, Un Patrimoine" Tome 2 de Gilbert CRENN et Didier KERDONCUFF Edition: Association War Hentchou Irvilhag

en vente en Mairie. 

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