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KELEIER IRVILHAG

KELEIER IRVILHAG

Informations municipales de la commune d'Irvillac 29460


11 novembre 2018 .. cent ans déjà se sont écoulés..

Publié par COMMUNE D'IRVILLAC sur 12 Novembre 2018, 18:37pm

Catégories : #INFORMATIONS MUNICIPALES

Cérémonie émouvante ce dimanche matin, 11 novembre 2018, lorsque les cloches de l'église ont  résonné, à toutes volées, dans le bourg, à 11h11.

Les enfants de l'école Léontine Drapier-Cadec  ont  lus la longue liste des soldats d'Irvillac morts pour la France lors de ces 4 années de conflit  mondial.

Le texte de Léontine racontant ce 1er jour de guerre a ensuite été lus par un d'entre eux :

L’été 1914 fut exceptionnellement beau
et la moisson s’annonçait excellente .
Dans toutes les communes du Finistère retentit,
le samedi 1er août en fin d’après-midi,
le tocsin des cloches annonçant l’ordre de
mobilisation générale et la guerre proche.
Cet événement ne suscite, ni enthousiasme,
ni abattement, ni révolte. Les combattants,
plutôt résignés, partent en bon ordre à mesure
qu’ils reçoivent leur feuille de route,
persuadés que la guerre sera courte.
Léontine DRAPIER-CADEC, qui a passé une
partie de sa jeunesse dans la commune
raconte, dans les “Cahiers de l’Iroise” (octobre
1964 - n° 4) cette terrible journée à Irvillac.


« Le 1er août 1914 à Irvillac, petit bourg breton
près de Daoulas. Ce jour-là, cinq jeunes
filles, de 19 à 23 ans, montaient la côte de
Malanty, sur la route de Hanvec pour aller visiter
la petite chapelle de Koat-Nan. Il faisait
beau temps, elles bavardaient joyeusement.
Bien sûr, quand les deux amies de Pont-L’abbé
étaient arrivées pour les vacances, Tonton,
le secrétaire de Mairie avait dit en hochant la
tête : « N’auraient-elles pas mieux fait de rester
chez elles ?… Et si la guerre… » Maman, toujours
optimiste, lui avait ri au nez : « Tu es fou !
La guerre à notre époque ? Allez vous promener
mes enfants… N’écoutez pas cet oiseau de
mauvais augure… Demain nous irons pique-niquer
à Pont-Mell…»
Je riais plus fort que les autres. Je sortais de
l’École Normale. J’allais être nommée institutrice,
je planais sur un nuage… À l’école, je
n’avais jamais entendu parler d’une guerre possible.
Nous vivions en vase clos. Nous sortions
le dimanche pour aller à la messe, en rang ; et
le jeudi pour nous promener jusqu’au Stangala,
en rang.
En passant devant la maisonnette du chemin
de fer, à Pont-ar-Lan, la garde-barrière nous a
regardées et nous a dit avec une nuance de reproche
dans la voix : « Vous semblez bien gaies ! »
Vous n’avez pas remarqué que les gardes-barrières
sont très averties sur les événements
en marche ? Celle-ci, avec son petit drapeau
rouge à la main voulait certainement arrêter
le malheur qui pointait à l’horizon. Pauvre petite
silhouette noire si chétive ; le monstre qui
s’avançait était plus redoutable que le
train et le petit drapeau rouge ne
le ferait pas reculer !
La chapelle n’était jamais fermée
à clé. Dès que nous eûmes poussé
la lourde porte, nous avons
été impressionnées. Dans l’allée
centrale, il y avait une chouette
morte couchée sur les dalles verdies,
et près d’elle, une chouette
vivante que notre entrée effraya. Elle
s’envola bruyamment, se heurta à un
pilier et sortit par un trou du toit.
Mais cette chouette morte ne pouvait pas
nous attrister longtemps. Après une courte
prière pour conjurer le maléfice et une station
rituelle à la fontaine, nous reprîmes en chantant
le chemin du bourg.
La garde-barrière était encore à son poste de
vigie, à croire que les trains se succédaient sans
arrêt. « Ne chantez pas ! dit-elle choquée, vous
n’entendez pas le tocsin ? » Il sonnait en effet
à petits coups rapides… Était-ce le feu dans
les bois de Saint-Urbain ? C’était la guerre, et
l’appel insistant de la cloche alertait toute population
: les manèges s’arrêtèrent dans les
aires à battre, les bûcherons abandonnèrent
leur hache dans les taillis, et
les laveuses, leurs sabots à la main,
vinrent affolées aux nouvelles et
se plantèrent consternées, devant
les affiches qu’elles ne savaient
pas lire.
Les hommes, le visage grave,
lisaient, commentaient le papier
sinistre, d’où la colle dégoulinait ;
ils essayaient de rassurer les mères
éplorées. Poincaré n’avait-il pas dit :
« La mobilisation n’est pas la guerre ? … »
Nous avons rencontré maman bouleversée :
hélas, c’est vrai, dit-elle. Il faut que vos amies
s’en aillent ce soir. Les trains vont être réquisitionnés.
Leurs parents seraient trop inquiets
de les savoir loin de la maison.
Je revois les trains fleuris de ces premiers jours
d’août, j’entends les cris joyeux des soldats :
« à Berlin, on les aura ! » Ma soeur eut sa montre
enlevée à son cou par un Arabe enthousiaste
et un autre oublia de rendre la timbale d’argent
où il venait de boire le café de l’adieu. Mais
qu’importe ! Notre confiance était à la hauteur
des circonstances. À Noël, ils seraient de
retour. Ma mère, elle aussi, déposa son or sur
l’autel de la Patrie. »
Les faits de cette première année de guerre
furent noyés dans ma mémoire, par mes
soucis d’institutrice débutante.

 

 

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