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KELEIER IRVILHAG

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Informations municipales de la commune d'Irvillac 29460


Révolution française: le cahier de doléances de la Paroisse d'Irvillac..

Publié par COMMUNE D'IRVILLAC sur 5 Août 2018, 10:16am

Catégories : #PATRIMOINE

Révolution française: le cahier de doléances de la Paroisse d'Irvillac

Publié par war-hentchou-irvilhag  - Catégories :  #Actualités

Début avril 1789, une réunion va se tenir dans chaque localité de Bretagne et de France. Elle regroupe tous les hommes majeurs (de 25 ans au moins) et imposables46.

De ces réunions sont sortis les "cahiers de doléances" qui constituaient une première étape dans la préparation des Etats Généraux, c'est-à-dire la réunion des représentants des trois ordres : le clergé, la noblesse et le tiers-état.

Le motif de la convocation des Etats Généraux est lié à la situation financière difficile du royaume de France.

 

Ces cahiers constituent un témoignage des sujets de mécontentement et des aspirations des Français de 1789. Une bonne part des cahiers pêche par manque d'originalité, les participants à la réunion s'étant contentés de reprendre un modèle. C'est le cas à Irvillac.

 

La Révolution est riche en événements et en bouleversements. Irvillac a vécu, à cette époque, des épisodes parfois pittoresques, parfois douloureux. Il est intéressant de mettre en lumière certains d'entre eux.

 

I) Le cahier de doléances de la paroisse d'Irvillac45

Comment se présente le cahier de doléances de la paroisse d'Irvillac ?

Il est rédigé par "Maître Alain Le Bouguen, sieur de Kerdannet, demeurant en sa terre de Kerdannet, notaire royal apostolique". Les participants à la réunion, soit les hommes majeurs et imposables, sont au nombre de 19. Maître Le Bouguen précise que l'assemblée a été convoquée "au son de la cloche". Après rédaction du cahier, dont quelques extraits sont présentés ci-après, les participants ont élu deux représentants : Jean Le Goff de Quiguilvarn et Gabriel Cren de Creach Garnil. Ces deux personnes sont des "ménagers"47 ; ils sont chargés de porter le cahier à l'assemblée de la sénéchaussée de Quimper qui est fixée au 16 avril 1789. C'est elle qui va élire les députés aux Etats Généraux de Versailles, lesquels porteront les doléances de la sénéchaussée, sorte de compilation des demandes les plus importantes de chaque paroisse.

 

Que contient le cahier de doléances ?

Il débute ainsi : "la paroisse d'Irvillac, évêché de Quimper en Bretagne, supplie sa Majesté (le Roi) de vouloir bien supprimer ou diminuer, autant que sa bonté paternelle le permet, le joug onéreux des charges dont elle est accablée..." Il est donc demandé la suppression de certains droits et impôts, tels que :

- le franc-fief : il s'agit d'un droit de mutation appliqué sur les terres nobles tenues par des roturiers,

- la sujétion aux fours et moulins banaux : les cultivateurs étaient tenus de faire moudre leur blé à tel moulin bien précis (celui du seigneur du lieu),

- deux autres points ont trait au commerce du vin ; il est également demandé une égalisation du prix des eaux-de-vie.

- il est demandé que les "corvées de grands chemins" soient indistinctement faites par les trois ordres. (A Irvillac elles concernent l'entretien de l'axe Landerneau-Quimper.)

- un souhait, que l'on retrouve dans l'ensemble des cahiers de doléances : le vote aux Etats Généraux doit se faire par tête (un homme, une voix) et non par ordre.

 

II) Les prêtres à l'époque révolutionnaire

 

Le clergé avait accueilli plutôt favorablement la Révolution à ses débuts. Les excès d'un activisme soupçonneux des patriotes locaux et surtout la Constitution Civile du Clergé, avec obligation de prêter serment, vont renverser la situation.

Fin 1790, les prêtres furent invités à prêter serment à la Constitution Civile du Clergé. Estimant ce serment contraire à leurs convictions, nombre de prêtres s'y refusèrent. Dans le Léon 341 sur 423 furent réfractaires, soit plus de 80 % ; en Cornouaille, par contre, une forte minorité "sermente".

Le refus du serment entraîna l'interdiction, pour ces prêtres, d'exercer leur fonction. Ils firent, ensuite, l'objet de mesures rigoureuses (éloignement, emprisonnement, déportation).

Qu'en fut-il à Irvillac48? A cette époque, la paroisse, qui intégrait la trève de Saint-Eloy, était administrée par un prieur curé, Joseph Corvaisier, né en 1736 à Quimper, un vicaire, Jean Le Bescon, et des prêtres "habitués", Guillaume Deniel, Yves Merret et Hervé Volant. La trève de Saint-Eloy était desservie par un vicaire, Mathieu Capitaine.

Le maire d'Irvillac, Gabriel Cren écrit au procureur général du département après avoir rencontré, pour le serment, les ecclésiastiques le 30 janvier 1791. Voici des extraits de sa lettre :

"Aujourd'hui 30 janvier, j'ai sommé MM. les ecclésiastiques de prêter leur serment et cela immédiatement après la grand-messe ; mais comme aucun de mes confrères [municipaux] n'a osé se présenter, ces messieurs ont continué de chanter les vêpres qu'ils avaient coutume de faire à la suite de la messe pour passer l'après-midi des dimanches sans interruption, après quoi j'ai repris ma place et persistant à la fin des vêpres dans l'intention de faire exécuter les décrets de l'Assemblée nationale j'ai répété la même sommation en présence de mes confrères du conseil général de la commune et des fidèles. Ce fait les prêtres se sont présentés et ont osé prononcer les serments incendiaires dont aucun patriote ne peut entendre la lecture qu'avec indignation.

M. Le Corvaisier, curé, a dit : "Ma conscience ne me permet pas de prononcer le serment dont est cas".

M. Le Bescon, vicaire : "Ma conscience ne me permet pas de prêter serment, ni aucun chrétien ne peut le faire sans renoncer à la foi catholique, apostolique et romaine, et consentir à sa damnation éternelle".

M. Merret, prêtre, ne le pouvait "sans approbation du Pape", et le Sr Volant a dit, "comme mes confrères," en ajoutant : "Je serai plutôt pendu", et le Sr Deniel, prêtre privé de messes, a suivi le torrent.

Tout cela s'est passé avec une fermeté, une fureur, une arrogance qu'on n'aurait pu imaginer sans en avoir été spectateur, et avoir été victime, si je n'étais connu, aimé et regretté par les fidèles de ma paroisse.

Pour ces causes, je le dénonce à qui il appartiendra".49

 

           Cette dénonciation allait entraîner de graves conséquences. "Le 5 février, le Directoire du département arrêtait que les prêtres susdits soient dénoncés au tribunal de Landerneau.

           Par la suite, lors de l'élection des curés constitutionnels à Landerneau, le 27 Mars 1791, le Sr Le Gall, curé de Quéménéven, fut choisi pour remplacer M. Le Corvaisier à Irvillac.

Au commencement de l'année 1792, M. Le Corvaisier, s'étant retiré à Carhaix, y fut saisi, le 2 Juin 1792, et conduit au château de Brest. Immédiatement, M. Le Corvaisier, homme de loi à Quimper, adressa une pétition au Département pour faire élargir son frère."50 Le District de Carhaix répondit par une fin de non recevoir.

"Du château, il fut transféré, le 12 Août, avec seize autres confrères, en détention aux Capucins d'Audierne, d'où ils sortirent, le 15 Janvier 1793, pour être internés dans la communauté des Cisterciennes de Kerlot, à Quimper. Cette prison ne fut que provisoire et, le 11 Novembre 1793, ils étaient dirigés vers Landerneau, où on les logea aux Capucins. De là, comme il manquait quelques mois à M. Le Corvaisier pour avoir soixante ans, il fut déporté par arrêt du 2 Juillet 1794, à Rochefort. Embarqué sur le Washington, où il ne tarda pas à mourir le 24 Septembre 1794 ; son corps, jeté à la mer, fut recueilli au Port-des-Barques (village côtier)."51

 

Qu'est-il advenu des autres religieux ?

- Mr Le Bescon. Il se tint caché jusqu'à l'an III. Détenu au château de Brest, il fut libéré le 3 juillet 1795. Arrêté de nouveau, il fut traduit devant le tribunal criminel qui le condamna, le 18 janvier 1796, à la peine de déportation. Il fut libéré peu avant son départ, grâce à la loi du 24 août 1797. Il fut de nouveau arrêté le 19 septembre 1797 et transféré à la prison de Brest, puis à celle de Quimper d'où il s'évada dans la nuit du 17 au 18 novembre 1797. Il se tint caché après sa sortie. Nommé recteur de Saint-Evarzec au Concordat, puis à Ergué-Gabéric, il meurt en 1822.

- Mr Deniel. Insermenté en 1791, il paraît s'être soumis par la suite. En 1792, il occupait les fonctions de vicaire à Irvillac.

- Mr Merret. Insermenté en 1791, il prêta le serment le 27 juillet 1792 et fut nommé vicaire d'Irvillac où il mourut en 1794.

- Mr Volant. Insermenté, il se tint caché pendant la Révolution. Recteur de Guilers, il fut nommé à Langolen en 1806.

- Mr Capitaine (trève de Saint-Eloy). Il prêta le serment avec des restrictions qui le firent considérer comme insermenté. Il demeura caché puis, ayant repris ses fonctions, il fut arrêté par les gendarmes et conduit au château de Brest, d'où il fut libéré le 4 août 1795. Recteur de Saint-Urbain au Concordat, il y mourut le 30 avril 1805.

 

La mémoire populaire rapporte qu'à l'époque révolutionnaire, des prêtres se seraient cachés sur la commune, quelques heures ou quelques jours, à deux endroits : la grotte située près de Stang Meyet et le fameux souterrain (qui reste à découvrir) reliant le Cosquer à Lohan.

 

extrait de "Irvillac, une Histoire, un Patrimoine" Tome 1

en vente 10 € en Mairie d'Irvillac.

Edition : Association WAR HENTCHOU IRVILHAG

COURRIEL / war-hentchou-irvillag@wanadoo.fr

 

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